Révéler. Ne pas cacher. C'est sa raison d'être. Depuis que Joelle Van Autreve, après avoir étudié l'art tridimensionnel à la School of Arts/KASK de Gand, a enfin entamé une collaboration avec un photographe de mode, elle a, à la fin des séances, dit-elle avec désinvolture, exhorté les mannequins à se débarrasser de leurs vêtements. C'est avec ce qui s'est passé à la fin que tout a commencé.
Dix ans plus tard, alors qu'elle est devenue mère de deux filles, elle s'est constituée, surtout au cours des deux dernières années, une œuvre photographique impressionnante qu'elle présente pour la première fois dans une exposition. Les nus sont presque toujours au centre de ses images. Mais ce qu'elle veut exposer, ce n'est pas tant le corps de ces modèles, et encore moins le fait qu'elle veuille les représenter comme des objets de désir. Ce qu'elle veut plutôt capturer, c'est ce ton sous-cutané et sulfureux qu'elle qualifie de malaise et qui se rapproche de ce que Sigmund Freud et d'autres ont qualifié d'Unheimlich et d'Uncanny. Et pourquoi la nudité ? "Parce qu'il est tout simplement plus puissant de voir une femme en colère se promener nue qu'habillée.
Elle ne se limite jamais à un instantané rapide de la réalité telle qu'elle se présente à elle. Il y a toujours une mise en scène qui précède la prise de vue, où tout - le lieu, les personnages, tout - est enregistré à l'avance avec une précision presque maniaque. Cependant, elle choisit délibérément des lieux qu'elle qualifie d'atypiques, rudes et bruts, humides et froids, désagréables. Des situations qui déséquilibrent les modèles, les sortent de leur zone de confort. Il en va de même pour les directives et les mots d'ordre qu'elle lance aux modèles et avec lesquels elle veut leur transmettre ce qui la trouble ou la fascine à ce moment-là. Des mots comme : déni, mensonge, illusion. Ou simplement la question d'agir comme si chacun devait le faire avec une jambe en moins.